© Normandart
Jan Vermeer
espaces du quotidien
 
 

La jeune fille au verre de vin ou La dame et les deux messieurs (1659-60)

En ce temps-là (1660), même en imagination, l'appareil photographique n'existait pas. Pourtant cette femme qui nous regarde semble poser devant l’objectif: Attention ne bougeons plus! souriez!

 En s'appuyant sur un mode réaliste et descriptif dans les moindres détails, les intimistes hollandais étaient des peintres du moment présent. L'événement est alors suspendu un instant pour mieux s'attacher à la réalité. Notre regard saisit un moment de la scène et les personnages du tableau ont l'air de faire la même chose que nous. 

A l'instar de notre contemplation, le temps d'un regard, une seconde se fige pour mieux nous dire : regardez ce qui se passe ici!

 

La peinture n'est qu'une illusion, qu'une imitation de la nature, et notre œil n'est qu'un instrument qui interprète tout aussi illusoirement la réalité.

Cette charmante personne, se regarde-t-elle dans un miroir? Ou bien, nous convie-t-elle à la contempler?

Allons ! Profitons de cette image qui se prête à la même contemplation que nous. Partageons la même expérience : c'est le regard qui contrôle le temps ! Le peintre semble vouloir nous faire partager une intemporalité ou une éternité de l'image. Tant qu'il y aura un regard devant la peinture...

une tranche de vie

        Dans "La jeune fille au verre de vin" l'artiste nous montre une tranche de vie, mais pas de n'importe quelle vie. La plupart du temps les tableaux de genre de cette époque étaient commandés par des riches marchands ou des institutions publiques. Comme on peut le constater les événements relatés dans ce tableau ont lieu dans un milieu bourgeois avec du beau monde !

Cette image n'est pas seulement un cliché d'un moment de vie bourgeoise, mais c'est aussi une scène où les éléments sont articulés comme au théâtre. La jeune femme nous sollicite par son regard et derrière ce premier plan s'enchaîne une série d'êtres et d'objets sur un dallage qui n'est pas sans rappeler la surface d'un jeu de société.

 L'interprétation de cette scène mystérieuse semble facile; il suffit de laisser aller son imagination. Mais attention! Il n'y a aucune parole, aucune légende descriptive et plusieurs lectures pourraient être faites du tableau. La jeune fille ne regarde-t-elle pas, dans une glace, son ami fâché accoudé à la table du fond? Ou bien  ne nous prend-elle pas à témoin de l'événement?

Nombreuses peintures de cette époque représentent des femmes qui se laissent séduire par le vin et par les hommes. S'il est question d'ivresse et d'amour dans ce tableau, ils restent mondains et élégants.

 
 
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ervés